Avec le PFK, c’est toujours la même histoire : chaque fois qu’on pense qu’on a atteint le fond du baril, il reste toujours un pilon et un rond de gras dans le carton dudit baril. Quand c’est pas un sandwich où le pain est remplacé par du poulet, la mayo par du poulet et le poulet par un autre sandwich, c’est un bucket qui imprime des photos. Utile pour t’imprimer un souvenir du dernier souper de grand-pôpô avant son ultime pontage.

Qu’a-t-il encore inventé, le Colonel? A-t-il créé une Space Force dans l’armée de volailles qu’il commande (il est pas colonel pour rien)? A-t-il produit une bûche de foyer qui sent le poulet frit? A-t-il inventé un moyen de remplacer la panure d’une cuisse de poulet par une autre cuisse de poulet frit?

Non! Ben, en fait, oui. On a essayé d’inventer trois affaires absurdes et, par accident, on a écrit la vraie affaire. Cette semaine, on a testé pour vous…

La bûche aux fines herbes et épices Enviro-Log PFK 11

La bûche du Colonel vient dans un emballage de papier avec la face du Colonel dessus.
Venue d’un arbre des célèbres forêts de panure de l’État du Kentucky.

Il y a ceux qui font un feu pour se réchauffer le cœur en sentant une douce odeur de foyer qui leur rappelle leur enfance privilégiée au chalet à Mont-Tremblant. Et il y a ceux qui se disent «me semble que ce serait mieux si ça sentait les épices à poulet et la crise cardiaque», comme leur seul repas nutritif de la semaine à 8 ans. C’est pour eux qu’a été créée la bûche PFK.

Pis pour que ce soit clair : non, c’est pas une bûche dans le sens de bûche de on-peut-pu-dire-Noël-à-cause-des-immigrés. Elle ne se mange pas, la bûche, elle se garnotte dans le foyer, avec la promesse de remplir notre maison «du parfum nostalgique de la célèbre recette de poulet PFK». Pourquoi penser à l’odeur de ta feue grand-mère (la pognes-tu?) ou au lilas sous lequel tu as reçu ton premier baiser, quand en matière de nostalgie, ça peut juste être du poulet frit? Parce que la meilleure partie du PFK, c’est vraiment l’odeur qui part pu de chez vous.

"Dégage une odeur de poulet frit", déclare l'emballage, dessin d'odorants pilons de poulet à l'appui.
Cool?

Savez ce qu’on dit du poulet frit : 5 minutes dans la bouche, 5 ans sur les hanches, 5 siècles dans l’air de ton appartement.
– Caroline

C’est, paraît-il, le «cadeau parfait pour un échange de cadeaux ou comme article de collection PFK». Si un de vos proches collectionne les items avec la face du Colonel dessus, vous avez trouvé le cadeau pour justifier un rassemblement illégal à la Naël!

Ça et un beau certificat-cadeau pour un psy, c’est un combo aussi parfait que du poulet frit et une salade de chou d’une couleur surnaturelle.
– Mathieu, qui trace la ligne à la collection de bouchons de bière

PRÉPARATION

C’est le temps de sortir l’allume barbecue pis le pince-nez! La bûche, très odorante, revient de son exil sur le balcon à -12 afin d’être crissée en feu. Big 2020 mood.

Si elle sent autant en brûlant qu’elle sent avant de brûler, on va pouvoir skipper le souper et simplement manger l’air ambiant.

On ne fera pas de bûcheshaming, mais visuellement, cette bûche est... spéciale.
Est-ce une bûche ou un gâteau aux fruits? Parce que les deux méritent de brûler, l’une dans un foyer, l’autre en enfer.

Tant qu’à frotter deux silex ensemble pendant dix minutes pour partir un feu, aussi bien en faire une belle soirée romantique. Ce feu de poulet sera donc accompagné d’une comédie sentimentale de poulet. Qu’est-ce qui s’éteindra en premier : la bûche parfumée ou la flamme de notre amour? On a 16 minutes et 13 secondes pour le découvrir, parce que c’est la durée du minifilm A Recipe for Seduction, la coproduction entre la chaîne Lifetime et PFK.

En gros, les restos de friture ont acheté 16 minutes de pub sur le réseau Lifetime, et ils ont décidé de les remplir en passant un biopic sur la vie du Colonel Sanders à peu près aussi historiquement rigoureux que Bohemian Rhapsody.

Saviez-vous que Freddie Mercury ne venait pas pour vrai de la planète Mercure?
– Mathieu, cinéphile rigoureux

Saviez-vous que Freddie Mercury et Freddie Kruger ne sont pas la même personne?
– Caroline, imbattable aux soirées quiz

Saviez-vous que ça fait longtemps qu’on n’a pas eu de contacts humains et qu’on a besoin de poser des questions dans le vide?
– Mathieu et Caroline

Voyons la description dans le télé-horaire. (Oui, on est encore abonnés. Pis on reçoit encore 5 CD de Columbia chaque mois. On a maintenant 8 exemplaires de Better Than Ezra et on a arrêté de compter les copies de Collective Soul.)

A Recipe for Seduction. (7)
É-U, 2020. 16 m, court métrage qui paraît vraiment plus long que ça.
Alors que Jessica (Justene «sa face me dit de quoi on l’a vu dans quoi déjà ah c’était pas dans ah non semblerait que non» Alpert) ne veut rien savoir du pilon à Billy (Chad Something or Other), qui anyway se la trempe dans la sauce à sa belle-mère, le chef Harland Sanders (Mario «je trompe ma fiancée la veille du mariage» Lopez) viendra semer la bisbille et le cholestérol dans la famille.
Une version grasse et lourde de tous les clichés du genre, qu’on a encore sur l’estomac le lendemain. Réalisé par quelqu’un qui aimerait mieux que ça ne se sache pas.

"Written and directed by Jean"
Si jamais on signe un de nos textes «Jean pis Nancy», vous saurez que c’est parce qu’on n’était vraiment pas convaincus des 38 jokes de pet.

Prépare-toi à te faire voler ton cœur par le Colonel… qui va en boucher les artères.

Le film s’ouvre sur un grandiose festin que n’aurait pas renié le Cuisinier Rebelle : dans de la porcelaine fine qui doit valoir l’équivalent des 3 derniers chèques encore dans la malle selon la comptable qui nous a promis qu’on serait payés avant 2022, trônent du riz au bouillon de poulet, une tranche de jambon au foin de Janette Bertrand et du poulet frit roulé dans le Shake ‘n’ Bake. On voit que ces gens vivent dans le luxe!

C'est avec ses mains que Tessa Munro saisit le poulet dans son assiette, lors d'un repas fancy.
Manger avec tes doigts quand il y a une coutellerie en argent sur la table. L’ultime power move de riche, après incorporer tes enfants dans une compagnie à numéros en Suisse.

Pendant que la mère, Bunny, se félicite d’avoir embauché un chef connu même si elle est complètement fauchée, Billy (le pô fin) demande en mariage Jessica (la fine), juste après qu’elle pis son BFF noir et gay (yay la diversité à l’écran!) aient roulé des yeux. Ohhhhhhhhh trouble in paradise ou, comme on dit dans le milieu, y’a quelque chose de pourri dans le combo!

Tel un vari-baril dont la livraison arrive 45 minutes après sa commande, la demande en mariage est reçue tièdement.

Il faut dire que Billy augmenterait ses chances de scorer s’il ne portait pas autant un pull noué autour du cou. De tous les pulls noués autour d’un cou, celui-ci est définitivement le plus autour du cou noué. Regardez ça!

Le pull autour du cou de Billy semble avoir assez long de manche pour trois personnes.
Le pull autour du cou de Billy semble avoir assez long de manche pour trois personnes.

Ce type est prêt pour au moins 15 spectacles extérieurs en sirotant un verre de vin en plastique à quinze piasses au Festival de jazz dans une petite chaise pliante de camping en disant «ah que c’est de la belle musique».

Jessica fait alors la connaissance d’Harland Sanders, qui était auparavant «head chef at Le p’tit pamplemousse» et on ne sait pas si c’est ça l’idée que se fait un scénariste hollywoodien de catégorie D d’un prestigieux restaurant français ou si Sanders a véritablement commencé sa carrière à la cantine d’un CPE. En moins de temps qu’il n’en faut pour paner un pilon, Jess confie au chef que son chum, tsé, son conjoint, là, son partenaire de vie, son amoureux, son boï, est un «egotistical, entitled little…» et on trouve qu’elle a la confession un peu facile. Maybe les vapes des 11 herbes et épices mariées à la sueur d’un homme dans la quarantaine qui a passé la journée devant une friteuse?

Laissez faire le waterboarding à Guantanamo, on a trouvé la recette secrète pour faire avouer les terroristes.
– La CIA, qui regarde Lifetime la fin de semaine pour relaxer entre deux violations de la convention de Genève

Jaloux de la complicité digne d’une frite et d’une sauce brune entre sa pas-encore-fiancée et le chef qui semble s’être passé de la graisse à friteuse dans les cheveux, Billy traite ce dernier de croûton. Hou! Ça joue dur. On s’attendait pas à autant de vulgarité et on parie qu’il y aura bientôt toute une chronique de La Bombardier sur la déchéance du langage à la télé.

"Don't call me a crouton"
Crouton, prochaine insulte interdite à l’Assemblée nationale?

Parlant avec son ami gai noir probablement hémophile neuroatypique et furry (diversité!), Jessica lui confie qu’elle trouve le chef assez cute pour envisager le double down avec lui. Elle aimerait qu’il mette le feu dans son antre avec sa bûche aromatique, si vous nous suivez.

Devrais-je quitter l’homme qui m’a demandée en mariage après des années de fréquentation assidue pour le gars qui sentait la friture avec qui j’ai jasé 8 minutes?
– La fille qu’on a même pas eu le temps de retenir son nom

GURL, poser la question c’est y répondre. YAASSS QUEEN.
– Mathieu et Caroline, qui snappent des doigts dans les airs avec attitude

Puisque le mariage avec l’homme qui est à 78% pull autour du cou est la seule manière de sauver la fortune familiale, la mère de l’épouse récalcitrante complote avec celui-ci pour faire disparaître le sexy cuistot.

Billy découvre la recette secrète avec laquelle Sanders rêve de, et on cite, «changer le monde». Tiens-toi bien, conflit au Moyen-Orient, et attache ta tuque, réchauffement climatique : le dude a trouvé un kit d’herbes et d’épices qui fittent bien ensemble. Guillaume Lemay-Thivierge aussi voulait «changer le monde, mets-en!» à 16 ans. Il a échoué, probablement parce qu’il n’avait pas le bon ratio d’herbes pis d’épices.

"A secret recipe : Chicken (whole? Quarters?) a little. 9 herbs? No. 7 herbs. 2 spices. Maybe should be.... Too much too little?"
La recette dit «too much? too little?», c’est pire que les recettes de notre grand-mère à l’œil pas de quantité.
"Secrets out, chicken man."
Shakespeare a peut-être écrit King Lear pendant une épidémie de peste, mais il a pas écrit cette phrase, faque Shakespeare est un loser.

Billy fait ce que tout bon wannabe fiancé avec un problème de friture ferait : il offre d’acheter l’àlarevoyure du Chicken Man avec un big fat chèque de 500 000 $.

Sérieux à un demi-million, clair que mon chum me droppe pis je serais même pas frue.
– Caroline, qui connaît sa valeur

Comme l’artiste de la panure n’est pas soudoyable, Billy passe à l’étape suivante la plus logique : le kidnapper, l’attacher à une chaise et le menacer avec un gros couteau. Quelques péripéties s’ensuivent, l’ami afro-gai (homo-américain? LGBTQliché?) se fait assommer avec une pelle, mais il revient juste à temps pour sauver la journée, et le cuistot embrasse la mariée. La fin.

Ou plutôt : « La faim ». Je pense juste au poulet depuis la première scène.
– Mathieu, les doigts fripés à force de se les lécher

"Mario Lopez as Colonel Harland Sanders"
On n’a pas encore réussi à trancher s’il s’agit du plus grand moment dans la carrière de Mario Lopez ou du pire.

Colonel? Il… était colonel dans l’armée depuis tout ce temps? Est-ce pendant une mission super dangereuse en Irak qu’il a mis au point sa recette secrète, entre deux tirs de snipers islamistes? Est-ce que Jessica va découvrir qu’il a un terrible PTSD et qu’il se réveille la nuit, en sueur, en hurlant qu’il n’est pas bon à s’en lécher les doigts? Quel cliffhanger!

WRAAAAAAAAH!
– Le colonel, les yeux injectés de sang, alors qu’il essaie d’étrangler sa nouvelle épouse à 4h du matin durant la nuit de noces, parce qu’il n’est pas habitué d’avoir quelqu’un dans son lit et que ça a ramené des souvenirs du Vietnam

PAUSE PUBLICITAIRE

Tu aimerais, toi aussi, changer le monde? On ne peut pas promettre que de contribuer à notre Patreon va changer le monde, mais s’il y a bien quelque chose qu’on a appris en regardant une publicité d’un quart d’heure, c’est que qui ne rêve rien n’a rien!

En échange de devenir le ou la mécène de nos niaiseries, tu auras droit à ces avantages qui ne procurent aucun allègement fiscal mais fournissent beaucoup de bonheur :

  • Une infolettre mensuelle spéciale tellement intéressante qu’on s’y abonnerait si c’était pas nous qui l’écrivait
  • Un avertissement 24 h à l’avance de la parution d’un nouveau texte, te permettant d’être un hipster de la joke de poulet frit
  • Le sentiment de contribuer à la motivation de deux auteurs, qui sont vraiment reconnaissants et se tamponnent le coin des yeux avec un mouchoir le coeur emplit de gratitude et le garde-manger remplit de cochonneries

Et maintenant qu’on a pu se payer une bûche à 20 $ grâce à nos sponsors, ça pue quoi?

DÉGUSTATION

Pendant que les flammes de la passion se faisaient aller à l’écran, les flammes de la bûche, elles, dansaient un slow cochon dans le foyer, les mains sur les fesses pendant que la surveillante regardait ailleurs.

Caro, qui n’accepte pas qu’on lui dise quoi faire («À bas la dictature de la bien-pensance!» crie-t-elle depuis des années, ben fâchée d’avoir à s’attacher en auto), n’a pas lu les instructions attentivement avant de lancer son feu. Si elle l’avait fait, elle aurait remarqué cet avertissement : «Profitez bien de l’odeur, car elle s’échappe après l’allumage.»

M’a crisser le feu comme j’ai envie de crisser le feu, Mathieu, tu sauras!
– Caroline, libre-penseuse pyromane

Profiter, elle ne fit pas. L’odeur est partie en fumée sans même qu’elle se mette dans le chemin de la boucane pour s’imbiber comme il faut des arômes et se fumer comme un jambon. Parce qu’un petit déshabillé sexy, ça ravive l’ardeur au sein de ton couple au début, mais après plus de deux décennies, il faut sortir l’artillerie lourde.

Tant pis. Je m’enroulerai dans le prosciutto.
– Caro, autrice du livre «Garder son couple en vie grâce à la charcuterie»

En gros, la bûche sent juste au début, et t’es mieux de prendre ta sniff la tête direct dans le foyer, Sylvia Plath style, au moment où ça passe. C’est comme avec le vrai poulet frit : tu as du fun à te bourrer la face dans la peau panée, ça dure quelques bouchées, et après ça t’es pris avec du poulet un peu fade parce que toutes les épices étaient dans le panurage.

"Use anytime for an EXTRA CRISPY FIRE"

L’emballage avait également promis un feu extra crépitant, et pour ça, promesse fut tenue. Ça a tellement crépité que Saint-Lambert s’est plaint du bruit. Possédé par l’esprit romantique du sexy colonel, nous tentâmes de déclarer notre flamme à l’être aimé, mais en vain. Nos mots n’étaient pas de taille contre le bruit de la bûche crépitant comme s’il n’y avait plus de lendemain. Il en va des déclarations d’amour comme d’une toune de Michael Bublé: quand tu la répètes en criant pour la troisième fois, on dirait que ça perd de son romantisme.

Vas-tu finir ton feu de foyer?

À 19,99 $ la bûche, sans compter la contribution aux coffres des gouvernements fédéral et provincial, la question mérite d’être posée : aurait-on eu un meilleur résultat en faisant carrément brûler 20 $ de vrai poulet ou le combo moustache-pinch de Mario Lopez?

Et c’est sur cette interrogation qui demeurera sans réponse que nous faisons le close sur 2020. Comme le p’tit commis du PFK qui compte sa caisse, vide l’huile de la friteuse et moppe le plancher, on déclare qu’on a fini notre shift de c’t’année. Les toilettes ont débordé souvent, y’a un Cheetos qui est resté jammé dans la serrure, le distributeur de savon a visiblement servi à rien dans les salles de bain, on a porté tout le temps le même linge, notre toupet était gras, on a des marques de filet à barbe derrière les oreilles et les seules pauses qu’on a eues, c’est en pleine canicule pis on pouvait juste facetimer grand-môman pendant notre break. Malgré tout, on s’est comptés chanceux, parce que ça aurait pu être pire. On était au chaud, on avait de la bouffe pis des chèques de paye pareil. On est p’tête naïfs, mais on espère que 2021, ça va être au minimum une promotion d’assistants gérants. Histoire d’au moins pas avoir de bol à torcher.

Bonne année!

Die, 2020! DIE! Dans le feu avec la bûche du Colonel!

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